lundi 6 décembre 2010

Gracias a la vida, que me ha dado taaanto...

Donc après Yguaçu, et parce qu'il faut bien bosser un peu de temps en temps, nous nous sommes rendu à la IIIème rencontre continental du peuple Guarani. Rencontre qui avait pour thème, Terre, Territoire, Autonomie et Gouvernance.

Senhor Teuribio, Aldeia Itapuã, Viamão, Rio Grande Do Sul


Ce furent quatre jours assez intenses (Claire a été impressionnée par nos journées de 6 heures du matin à 2 heures de l'autre matin... Ah oui, j'avais oublié de vous dire que les brésiliens, c'est un peu les espagnols de l'Amérique latine, ils ne dorment jamais !).
Ces 4 journées ont été ponctuées par des exposées sur les situations des Guarani en Argentine, Brésil, Bolivie et Paraguay, des débats sur les problèmes rencontrées (principalement des problèmes de terre, mais également de violences, de suicides, d'invasions de missionnaires catholiques ou évangélistes, de boisson et de drogue...). Cette rencontre a été également l'occasion de célébrations religieuses et culturelles de nos amis Mbya, Kaiowa et Nhandeva (les différentes branches de la grande famille guarani).

Laurelen, Paraguay


Ces échanges ont été très intéressants et enrichissants à de nombreux points de vu (même si pour les débats en Guarani, je n'en suis pas encore là...). D'abord cela a permis de mettre en relief les différences entre les différents pays : un fossé existe entre les Guarani ultra-religieux du Brésil, mais peu alphabétisés, et les Guarani de Bolivie, membres de l'Assemblée Guarani de Bolivie, dont le mouvement ressemble étrangement à du syndicalisme fort, argumentant sur chaque mot du texte final, mais finalement culturellement extrêmement différents des autres, et ayant manifestement beaucoup perdu de la religiosité d'antan.

Habitants d'Ypo'y, priant pour remercier de l'action de la justice brésilienne en leur faveur.


Cela a été l'occasion de rencontrer des personnes du CIMI que je ne connaissais pas, plein de Guarani de partout, de parler, d'échanger, d'apprendre encore un peu de Guarani, d'observer, de m'étonner...

Cette rencontre s'est conclu par deux choses importantes : la création d'un groupe de coordination continentale de la Nation Guarani. Ce groupe de 25 personnes provenant de 4 pays différents, composés d'hommes, de femmes, de leaders religieux et politiques, prévoit de se rencontrer 3 fois par an afin de procéder à un échange d'expérience, et à une articulation des luttes.

Le comité en question.

La deuxième chose fut l'élaboration d'un document final présentant les demandes du peuple Guarani et qui a été envoyé aux quatre gouvernements concernés.

D'autre part, une très bonne nouvelle nous est arrivé alors que nous en étions au deuxième jour de cette rencontre. Certains d'entre vous, en réponse à un article que j'avais écrit au mois d'octobre, ont envoyé via Amnesty International ou Survival des lettres afin de faire pression sur l'État du Mato Grosso do Sul et d'empêcher l'expulsion de la communauté Guarani d'Ypo'y. Souvent ce genre d'actions paraît désespéré et sans grand espoir. Au nom de cette communauté, dont plusieurs membres étaient présents au Paraguay, je remercie cependant tous ceux qui ont envoyé ces lettres, puisque la communauté d'Ypo'y restera sur ses terres jusqu'à ce que le jugement soit rendu sur la démarcation ou pas de ces terres (originellement, ils devaient être expulsés en "attendant" ce jugement).
Ce fut, comme vous pouvez l'imaginez un grand moment de joie pour eux comme pour nous. Tour d'abord car dans un État comme le Mato Grosso do Sul, c'est un précédent non négligeable, et d'autre part car le travail du CIMI a eu un rôle important dans ce cas. Je pense qu'il s'agit donc d'une fierté immense pour les membres du CIMI sur place, qui font un travail assez incroyable, malgré la violence, les menaces de mort, et la situation complètement dramatique.

Avec Farid, Guarani Kaiowa, Mato Grosso do Sul.
Et comme il y en a que les peintures corporelles et les plumes décoiffent...




Nous avons finit la rencontre par une petite ballade dans Asunción.... Une ville très étonnante. Bien sûr le Paraguay est un pays où plus de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté. On devine une belle architecture historique malgré les murs écaillés, et les structures quelques peu croulantes. Les personnes dormant dans la rue sont légions, côte à côte avec une police militaire omniprésente. Dans chaque recoin urbain et chaque vide dans l'aménagement de la ville, se glissent de l'habitation spontanée, trois planches et un toit en zinc. Les graffitis sur les murs dénonçant l'achat de vote et la corruption fleurissent également un peu partout. Tout cela finit par être habituel et fait parti du quotidien de n'importe qui se baladant en Amérique du Sud. Ce qui est choquant à Asunción, c'est le côté capitale mégalo. En effet à côté de ce que je viens de vous décrire, il y a le palais présidentiel (Je pense sincèrement qu'il est plus plus grand que l'Elysée), l'Assemblée Nationale tout aussi démentielle, sans parler de l'imposante cathédrale, des ministères et des facultés, plus rutilantes les unes que les autres.

La sympathique maison de F. Lugo, j'ai nomme le président de la République du Paraguay.

1 commentaire:

  1. T'es trop jolie avec tes plumes! Ca avait vraiment l'air enrichissant cette rencontre! Et en effet, il s'emmerde pas le président du Paraguay!

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