lundi 13 juin 2011

Etape 3 : Belem

São Luis, sous la pluie.


Après une brève étape d'une nuit a São Paulo où j'ai dormi chez une amie d'amie tanzanienne absolument délicieuse, qui a été aux petits soins et m'a fait goûté sa salade soudanaise (héhé, j'ai bien pris la recette !) et son riz aux lentilles (miam !), je me suis envolée tout au Nord du Brésil, à Belem du Para. Belem se trouve à l'embouchure de l'Amazone (waahou) et le Para fait partie des États de l'Amazonie. C'est aussi un des Etats qui a le plus souffert de la déforestation massive (en survolant le Para, en arrivant à Belem, on voit la forêt vierge, les fleuves qui zigzaguent... et les immenses plantations de soja au milieu de tout ça, qui forment des grands rectangles pas beaux...). La vitesse de la déforestation est assez hallucinante, et si quelque chose n'est pas fait rapidement, l'Amazonie disparaîtra assez rapidement en copeaux de sciure... A ce propos, la propagande politique sous forme de petits clips vidéo passant en boucle dans les aéroports de São Paulo et Bélem pour convaincre des futurs bienfaits du barrage de Belo Monte, pour les populations amazoniennes indiennes et non-indiennes est quelque peu agaçante, voire complètement révoltante.


Mais bref, je suis donc arrivé à Belem jeudi en début d'après-midi, et je me suis tout de suite sentie comme un poisson dans l'eau. Un étrange phénomène se produit quand la température monte au dessus de 35° et l'humidité frôle les 100%, quand les gens se baladent en parapluie en permanence, pour se protéger la moitié de la journée de la pluie battante et l'autre moitié du soleil de plomb, quand les indications d'adresse ressemblent à : tu vois la rue du un décembre (en fait elle s'appelle Jean- Paul II, depuis sa mort...), tu marches, tu marches, et là tu vois un palmier, avec un resto à côté ? Et ben tu tournes à gauche... Misère ! Bon c'est quand même une question sociologique de savoir pourquoi, dans absolument tous les endroits tropicaux, les gens n'ont pas d'adresse à peu près possible à trouver pour un étranger, du genre une rue avec un numéro ! Mais malgré tous ces inconvénients et bien d'autres, je ne peux pas m'empêcher de m'y sentir chez moi !

La CouchCasa de Belem

Pieds-pieds

Mes hôtes, des hippies qui chantaient des chansons d'Orixas (voir article sur l'umbanda) toute la journée, et pratiquaient des « bains d'odeur », c'est à dire avec bains avec des plantes aux odeurs très fortes, pour éloigner les mauvaises ondes, les maléfices et autres mauvais esprits ont été très sympas et m'ont fait visiter un gros bout de la ville ! La personne avec qui j'avais pris contact fait d'ailleurs une thèse sur les émigrés brésiliens clandestins en Guyane Française, tout en venant d'une famille de pêcheurs apparemment très modestes... Chapeau !


Belem... Oui, l'humidité est un peu en train de se la manger !

Rues de Belem


La ville de Belem en elle-même n'est pas très belle, bouffée par l'humidité et le manque de moyen pour la restaurer.

Par contre, il y a une ambiance assez incroyable, c'est extrêmement vivant, ça bouge dans tous les sens, ça s'agite (doucement quand même !), autour du marché notamment qui est absolument énorme : poissons de l'Amazonie, fruits et légumes en tout genre, la plupart inconnus par notre œil occidentale, artisanat indien, herbes médicinales et de cuisines, et des milliers de petites bouteilles de toutes les couleurs pour au choix : trouver un amoureux, le garder, devenir irrésistible, être augmenté dans son boulot, amadouer sa belle-mère, tuer ses poux, etc, etc...


Le marché

Les rues autour du marché... Oui, sous les tropiques il pleut.

Marché aux poissons

Bord de fleuve

Les docks... l'embouchure de l'Amazonie ! Tout un mythe !


Les crevettes sechées

Marché


Les fioles et savons, avec ça vous êtes parés !



Je suis resté un jour de plus que prévu, conquise par cette ville hors-du-commun ! Le dernier jour, deux autres françaises venues de Guyane sont aussi arrivées chez mon hôte de CouchSurfing, et nous nous sommes donc baladé ensemble, et avons fait la route jusqu'à São Luis ensemble également. Le dernier soir, concert d'un groupe qui a reprise des grands classiques de Jorge Ben, sur un bar à piloti qui avançait sur le fleuve, la grande classe !


Autre chose d'assez intéressant du Nord du Brésil, auquel j'ai beaucoup réfléchi pendant que le groupe chantait Xica da, Xica da, Xica da Silva, a negra... (Xica da Silva est un personnage de légende brésilien, qui était une esclave, qui a réussi à surpasser sa condition sociale, grâce à son corps de rêve offert sur un plateau au maître de la plantation, qui commence alors à lui faire des milliers de cadeau et elle finit par avoir une vie plus confortable que la plupart des blancs (elle a même un lac artificiel, la classe non ?)... mais prend leur place en perpétuant l'oppression de ses frères de couleur... bref, ce mythe constitutif de l'identité brésilienne (souvenir, souvenir...), est très important ici, et manifestement ne reste pas dans le symbolique. Je n'irais certainement pas jusqu'à dire comme beaucoup de sudiste le font, que les brésiliennes du nord et du nordeste sont toutes des putes (un préjugé très, très ancré... il suffit de voir la dernière pub de Havaiana), mais il est certain que d'une part le rapport au corps n'est pas du tout le même que le notre, probablement car la culture indienne et afro y est beaucoup plus présente, mais également que les rapports entre sexe, argent, pouvoir, et le cas échéant couleur de peau, ne sont pas tout à fait résolus, et sont souvent assez ambigus !

Faune de Belem

Le port de pêche


Sinon des découvertes gustatives génialissimes :

  • les galettes de tapioca (bon, j'en avais déjà mangé dans le sud, mais ici c'est quand même plus répandu ), avec du beurre et du fromage dedans.

  • le tacaca, une soupe à base de tapioca, des feuilles du manioc et de crevettes (trois fois miam!)

  • le vatapa est un plat à base de riz, recouvert d'une sauce à base de coco et de feuille de manioc et de crevette.

  • le caruru est à peu près la même chose sauf que le goût est assez différent, car la sauce est à base de gombos et d'huile de dendê.


Héhé les vautours sur la croix... un symbole de la colonisation ?

Et enfin... cliché de chez cliché ... capoeira à l'embouchure de l'Amazonie !

2 commentaires:

  1. c'est très intéressant tout ça Claire... Bisous. Frédérique.

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  2. Que de souvenirs ce lac artificiel et plus généralement la légende!
    Supers photos, c'est chouette de voyager de chez soi!

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